La porte de l’Horloge

La porte de ville est le plus beau vestige qui subsiste des remparts de la cité de Mehun.

Elle date du début du XIIIe siècle et présente les dernières innovations militaires de son temps : passage de la herse, enchaînement des arcades défensives, disposition des archères, chambres de tir intérieures, etc.

Dans sa partie supérieure, elle était certainement dotée, à l’origine, de hourds en bois, dont l’allure nous échappe totalement.

La cloche qui sonne toujours les heures est très ancienne, c’est une commande du duc de Berry à la fin du XIVe siècle.

Cette construction fait partie du grand plan de stabilisation de la région. En dotant Mehun d’une charte de franchise (1219), dont le territoire franc était défendu par une puissante muraille, le souverain fidélise le seigneur de la cité et fait du territoire de Mehun une tête de pont vers la grande Aquitaine et plus particulièrement Issoudun… Avec l’appui de Philippe de Mehun, puis de sa fille Mahaut, Philippe Auguste contrôle au plus près le duc d’Aquitaine…

Le XIIIe siècle a été une grande époque de construction : agrandissement et construction du clocher de la collégiale, construction des nouveaux remparts, édification du nouveau château (doté d’une tour moderne) et construction d’une abbaye cistercienne de femmes (Beauvoir). Nous retrouvons ici tous les éléments permettant de contrôler parfaitement le fief : le château comme lieu de pouvoir, les remparts pour protéger le pôle économique, la collégiale pour s’assurer les bienveillances du clergé et l’abbaye pour s’y faire ensevelir et penser au repos de son âme…

Le bâtiment se compose de deux salles voûtées réparties de part et d’autre du passage de la porte. Ces deux salles ne communiquent pas avec l’étage. D’ailleurs, le fait qu’elles s’ouvrent vers l’extérieur de la cité laisse à penser qu’il devait y avoir une puissante barbacane en avant de la porte. L’accès à l’étage se faisait uniquement depuis les chemins de ronde supérieurs des murailles. Cet étage est composé d’un vaste volume qui comprend à la fois les deux tours et la salle barlongue du centre ; il s’élève jusqu’au sommet de la charpente. Six chambres de tir sont aménagées dans les murs des deux tours (3 x 2).

Il est amusant de constater que l’ensemble de la construction se divise par trois. Trois bâtiments (2 tours et une liaison), trois salles, trois archères par tour, trois arcades, trois gonds par piédroit de la porte, trois types de fermeture (pont dormant, herse et portes) et trois types de couverture (éclisses de châtaigner pour les tours, tuiles plates pour la partie barlongue et ardoises pour le clocheton).