Histoire de la porcelaine à Mehun

Aujourd’hui, la ville de Mehun-sur-Yèvre abrite la plus grande manufacture de porcelaine de France.

Mehun, cité de la porcelaine

Née de la volonté de Charles Pillivuyt, elle produit toujours depuis 1854, des pièces de tables et des objets décoratifs prisés des plus grands chefs étoilés. Pourquoi cette folie de l’or blanc dans la région ? Petite visite guidée…

A la fin du XVIIIe siècle, des expériences sont tentées dans les châteaux de Lurcy-Lévis et de Foëcy. A cette époque, il s’agit de créer des manufactures dans l’air du temps, produisant des pièces à la manière de… Paris, Sèvres, Saxe… Rapidement, dans le premier tiers du XIXe siècle, les pionniers de l’or blanc essaiment dans toute la région et développent une multitude de petites unités. Le principal bassin de production va de Vierzon à Saint-Amand-Montrond, voire Ainay-le-Château et Champroux avec, comme villes historiques, Foëcy et Mehun. Une main-d’œuvre moins exigeante qu’à Paris, une abondance d’eau et de bois, ainsi que les découvertes sporadiques de sables fins, d’argile et parfois de kaolin font du Berry un centre important du développement de la porcelaine. Ne jamais oublier qu’en fonction des difficultés et des couleurs utilisées, il faut dix à vingt kilos de bois pour cuire un seul kilo de porcelaine… Les vastes domaines de la Sologne, les massifs forestiers de Vierzon, de Vouzeron, d’Allogny, de Saint-Palais et, plus au sud, ceux de Tronçais et de Châteaumeillant sont mis à contribution.

A Vierzon, mais surtout à Mehun, les manufactures s’orientent autour de deux productions principales : les pièces de tous les jours et les œuvres de commande, voire de maîtrise. Dès 1855, Pillivuyt ouvre une fabrication dite Spéciale qui va lui permettre d’atteindre une renommée exceptionnelle et de remporter, dans le monde entier, de nombreux prix et médailles. En 1900, il lui est attribué le Grand-prix de l’exposition universelle, grâce à une fontaine aujourd’hui présentée au Musée Charles VII - Pôle de la porcelaine. Véritable écrin des productions artistiques de ces époques, ce musée conserve des œuvres remarquables, vitrine historique du savoir-faire des usines berrichonnes qu’il faut compléter par l’étonnante visite de la manufacture (renseignements : Office de Tourisme 02.48.57.35.51).

Chaque manufacture avait une part de spécialité : porcelaines usuelles, artistiques, techniques, électriques, hygiéniques… Les usines de Mehun et du Berry en général, ont réalisé des porcelaines qui se retrouvent aujourd’hui dans le monde entier, parure de toilette du Trans Europe Express, service des princes du Brésil, pièces pour le tsar de Russie, commande de Napoléon III, etc.

Aujourd’hui, le savoir-faire s’exporte toujours, puisque près de 50 % de la production annuelle de Pillivuyt est destiné à l’étranger et que l’usine Avignon de Bruère-Allichamps produit des pièces de haute technologie destinées à l’aéronautique. Avec les dernières créations Pillivuyt, les œuvres d’artistes, comme les anges d’Anita Tullio, les compressions de Jean Decloquement ou les bijoux de Patrick Moulin, la porcelaine a encore de très beaux jours devant elle…