La collégiale Notre-Dame

Construite au tout début du XIe siècle, la collégiale Notre-Dame (qui abritait un collège de neufs chanoines) est un édifice roman.

Le chevet discrètement ouvragé de modillons et de cordons moulurés enserre le chœur, autour duquel s’enroule un déambulatoire qui s’ouvre sur une série de chapelles formant comme autant d’absidioles.

La nef, très simple donne de l’ampleur à l’ensemble. Le clocher du XIIIe siècle, d’architecture composite (réemplois d’éléments du XIe siècle et réfection du toit après l’incendie de 1910) est construit en rupture de pente et domine la large et belle vallée de l’Yèvre.

La collégiale est un édifice qui séparait la ville médiévale du XIe siècle en deux ; la partie “haute” avec l’actuelle place du château, de la partie “basse” vers la rue Jeanne d’Arc et le quartier du Ravelin. Comme la place du marché au beurre et le haut de la rue Pasteur correspondent à l’emplacement de l’ancien cimetière et que la rue Sophie Barrère était couverte de constructions, la seule solution pour passer de la ville “basse” vers la ville “haute” était de circuler en rupture de pente, devant le mur pignon qui fermait la nef de l’église. En agrandissant l’édifice au XIIIe siècle par la construction du nouveau clocher, d’importants travaux ont été nécessaires pour créer un passage sous l’église afin que l’actuelle rue des Grands moulins passe d’un côté à l’autre de la ville. Dès le XVIIe siècle, l’étroitesse du lieu est mentionnée dans les textes et à mettre en relation avec la désertification de cette partie de la ville et la création de la vaste place (général Leclerc) que nous connaissons aujourd’hui.

La collégiale présente des décors sculptés très intéressants. Les modillons qui scandent le couronnement du chevet et les cordons qui soulignent les courbes des fenêtres sont des constantes des décors romans. Plus rare, c’est l’Agneau pascal qui, enchâssé dans sa croix grecque (qui a les quatre branches identiques), surmonte en façade le porche du clocher. La finesse des entrelacs, les détails du pelage et les écritures qui ceinturent l’animal (ECCE AGNUS DEI – Voici l’agneau de Dieu) en font une sculpture de haute qualité. Mehun est l’un des cinq sites berrichons à présenter un tel décor.

A l’intérieur, différents tableaux et belles statues composent le décor mobilier. Le Christ en croix de Jean Boucher (peintre berruyer), la présentation de l’épée par Jeanne d’Arc à la Vierge peint par Grandin et les fiançailles mystiques de sainte Jeanne de France par Rousset sont les trois tableaux principaux. Un très beau Chemin de croix réalisé par le céramiste bornois Rozay, une Jeanne d’Arc de Brochet (sculpteur Lyonnais), une sainte Thérèse et une Vierge à l’Enfant complètent le mobilier.

Une œuvre très particulière est à signaler : les fonts-baptismaux. Une ferronnerie exceptionnelle réalisée par Emile Robert a été adaptée sur un support en pierre taillée par Louis Jouanin. Emile Robert a été un maître dans son art, ami de Prévost, il a été l’un des fers de lance de l’Art nouveau, puis déco dans la région. Il décéda alors qu’il était en train de mettre en place la prestigieuse exposition des Arts-déco de 1925.

Une réorganisation du programme iconographique et une restauration des vitraux ont été réalisées permettant d’incorporer des verrières contemporaines : la mandorle de la Vierge dans la chapelle gothique, sainte Jeanne d’Arc et le père Maximilien Kolb, dans la nef et proche de l’avant chœur.

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